............................Belvezet-Gour de Conques

Il est rare de se satisfaire d’un pari perdu. Celui que je m’étais fait à moi-même quant à la participation à cette randonnée de lendemain de fêtes de fin d’année. Six à huit courageux était mon pronostic. Cette prévision pessimiste n’était pas suscitée par des lendemains de libations festives mais bien par la météo calamiteuse que nous annonçaient les prévisionnistes des médias qui gouvernent désormais notre vie. Alarmistes comme ils savent l’être autant par complaisance au catastrophisme que par la crainte de se voir taxés de défaut d’alerte, ils nous avaient promis un vent et des températures à ne pas mettre un randonneur dehors. 
Oui mais, c’était sans compter sur le randonneur affilié au club des Angles. Il ne craint donc pas les affres du climat. La preuve en est que nous étions dix-neuf au départ de cette sortie dans le Gard aux environs de Belvezet. Dans le Gard ai-je bien dit, en contradiction avec le programme publié à nos adhérents puisque ce dernier prévoyait une sortie dans le nord des Bouches-du-Rhône du côté d’Aureille : la tour des Opies. Mais météo oblige, celle annoncée par nos prévisionnistes cafardeux, j’ai voulu adoucir le sort des vaillants de la première de l’année en les conduisant dans une région réputée moins balayée par le Mistral. Belvezet était tout indiqué pour nous écarter de ce couloir rhodanien tant prisé de ce vent du nord sans lequel la Provence ne serait pas ce qu’elle est. 
 

On ne se mentira pas en allant jusqu’à affirmer que l’air y était empreint de douceur, mais le résultat escompté fut au rendez-vous et nous avons trouvé des conditions acceptables pour ne pas souffrir de la morsure du froid. Et au final se donner bonne conscience pour, le soir venu, s’installer sans scrupule dans notre canapé avec une tasse de thé bien chaud. 
Le Mas de l’ancienne église était notre point de départ. Voici ce que nous disent les maigres ressources en ligne, que l’on trouve avec le lien suivant quant à l’histoire de ce lieu : 
 

Site archéologique : Ancienne Eglise Saint-André à Belvézet | Inrap

https://www.inrap.fr/ancienne-eglise-saint-andre-belvezet-17382

« Bâtie sur des vestiges cultuels remontant au VIIe siècle, l’édifice apparaît dans les textes pour la première fois en 1272. Il a subi d’importants dommages au cours des guerres de religion. Le chantier de reconstruction de la fin du XVIIe siècle confère au lieu l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Déconsacrée depuis la fin du XIXe siècle, l’église a été vendue à une famille de Belvézet qui l’a transformée en hangar viticole. Menaçant ruine, elle est rachetée, en 2000, par la commune grâce à la mobilisation des habitants, très attachés à leur patrimoine, et est inscrite la même année à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. »

La réhabilitation de l'église

https://mairie-belvezet30.fr/la-rehabilitation-de-leglise/

Ce beffroi qui a perdu sa cloche donne une touche nostalgique à ce lieu qui a lui aussi connu ses vicissitudes comme on peut le lire. Nous le quittons par une sente longeant puis traversant le ruisseau de Seynes. Ruisseau au bien maigre débit en cette époque, que nous retrouverons plus loin sur notre périple puisqu’il est le cours d’eau censé alimenter le Gour de Conques, point d’intérêt de notre randonnée.
Ce sentier nous conduit au sud du village de Belvezet dont nous apercevons la nouvelle église depuis une hauteur sur laquelle des artistes locaux ont implanté le fruit de leur inspiration. A commencer par un bestiaire en forme de totem qui fera le bonheur des photographes amateurs que nous sommes désormais tous devenus avec ces appareils qui servent aussi et accessoirement à téléphoner.
 

Quelques foulées plus loin nous voilà déjà à pied d’œuvre pour aborder la première difficulté, au demeurant bien modeste de notre boucle, laquelle n’en compte que très peu. Redémarrage en douceur oblige en ces premiers jours de janvier. Cette ascension sera un aller-retour vers le Castellas de Belvezet. Comme toute fortification moyenâgeuse elle trône sur une proéminence, respectant ainsi le dictat de l’art militaire de ces temps révolus enseignant que : « qui tient les hauts tient les bas ». Forteresse qui comme toutes a été abandonnée lorsqu’au début du XVIIIème siècle les armes se sont affranchies de l’épaisseur des murs pour vaincre les garnisons qu’ils abritaient. Si beaucoup de forteresses devinrent alors très souvent des carrières de pierre pour bâtir quelques ouvrages à l’usage domestique quant à eux, celle de Belvezet semble en avoir été préservée selon les sources (accessibles avec le lien ci-après). Mais le temps a fait son œuvre et nombre de moellons constituant ses murailles sont désormais enfouis dans la végétation. Le donjon résiste toutefois. Il prouve ainsi qu’il était fait pour ça.

Le castelas de Belvezet (Gard) - Persée

CASTELAS DE BELVEZET (GARD) A huit kilomètres au nord d'Uzès, après avoir monté par une longue rampe l'escarpement qui limite la région des garigues, si on quitte à gauche la grande route des...

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1905_num_69_1_11843

L’ascension vers cette hauteur a été appréciée à sa vocation de « décrassage » par les habitués de l’exercice. Regroupés au pied du mouvement de terrain après cet effort dont chacun appréciera la difficulté à l’aune de sa condition physique, nous voilà repartis vers les crêtes par un chemin sur lequel nous retrouvons quelques expressions d’artistes au goût parfois incertain, comme celle indiquant l’accès au « point G », lequel ne manquera pas de susciter des commentaires avisés sur le sujet. G à concevoir comme géodésique sans doute, plutôt qu’à imaginer certaine culminance chimérique. 

Pour le Fun, ci-dessous commentaires sur les plantes décrites, la plus part vénéneuses...

Ces crêtes nous refroidissent en tout cas. Le vent que nos sentiers abrités nous avait fait oublier se signale à nouveau et fige les inspirations des plus en verve. Le retour dans la vallée par la combe de Pousselargue nous met à nouveau à l’abri et nous offre opportunément une forme d’amphithéâtre, au confort certes un peu ferme mais préservé de l’air qui circule sur les crêtes, pour faire la pause casse-croûte.

Pause qu’il est inutile de faire durer lorsque la température risque de ralentir la digestion. Le redémarrage se fait donc sans rechigner après les quelques douceurs distribuées en forme de dessert par les uns et les autres. On ne les remercie jamais assez pour cette attention qui favorise bonne humeur et cohésion. Nous gagnons une piste abritée du vent par les hauteurs des bois de Labaume. Chemin faisant la douceur certes relative favorise les conversations en direction du village du même nom que nous atteignons très vite. Village avec son château privé, XIXème siècle, ses maisons de la même époque dont une rénovée et agrémentée d’un patio qui suscite l’admiration. A peine sorti de ce village, nous voici de nouveau à traverser le ruisseau de Seynes. Il est à sec. Signe que le gour qui l’alimente sera quant à lui à son bas niveau. Cela se confirmera lorsque nous y serons quelques minutes plus tard.

Nous quittons le site par le ravin de l’Arias dans lequel une piste en sous-bois nous conduit au pied de notre seconde difficulté, modeste celle-là aussi, avec un raidillon qui nous fait rejoindre les crêtes des bois de Saint-Médiers. Elles nous offrent une vue profonde sur la vallée d’Uzès et Saint-Quentin-la-poterie. Là encore, notre piste longe des bois qui nous mettent à l’abri de la bourrasque, exception faite de quelques clairières qui nous rappellent aux rigueurs de ce début d’année. Eh oui, c’est l’hiver. 

A la sortie de l’abri des bois, la vue lointaine du Castellas de Belvezet et l’ancienne église nous confirme que la vallée qui se présente à nos pieds est déjà celle de notre point de départ. Un sentier empierré nous fait descendre de ce point d’observation et nous voici de retour vers nos véhicules. Avec la satisfaction de ne pas avoir succombé aux appels de la paresse nous invitant à rester dans la douceur de nos pénates. 
Un rayon de soleil nous souhaite la bienvenue en nous réchauffant le dos tandis que les boissons fidèlement préparées et apportées par Sandrine et Benoît nous réchauffent l’intérieur du corps. Merci encore à eux.
 

Avec ses 16,5 km et ses 420 mètres de dénivelé, ce fut une randonnée calibrée pour une reprise d’activité d’après fêtes de fin d’année. Chacun semble l’avoir appréciée comme telle. Je ne saurai que trop remercier ceux qui ont décidé de m’accompagner sur ce parcours, me faisant perdre mon pari pessimiste. A ceux-là et aux autres, Je donne rendez-vous sur la tour des Opies une autre fois, sous une météo qui, si elle n’est pas désopilante, sera quand même plus souriante et propice à nous faire prendre un peu d’altitude et contempler la steppe de la Crau.

Merci à mon serre-file, Benoît encore lui, au photographe Pierre Jean, que j’ai vu œuvrer pour illustrer ce blog dont il assure aussi la tenue.

Et à bientôt sur d’autres sentiers.
 

Relive Mas de l'ancienne église

https://www.relive.cc/view/vZqN1YNWLG6?r=oembed

PS : Je transmets une photo prise en avril 2022 qui montre le Gour de Conques alimenté par le ruisseau de Seynes. C’est tellement plus bucolique qu’une source tarie

https://cevenols.fr/wp-content/uploads/2020/02/hs53.pdf

Pour les férus d'Histoire, La Guerre des Cévennes à Belvezet