Incursion dans la Drôme pour cette sortie du 17 mars 2024. L’itinéraire choisi nous a permis de ne pas laisser nos yeux rivés à nos chaussures et profiter du décor. Les sentiers se sont en effet avérés moins rocailleux et plus doux à la semelle que nos habituels itinéraires gardois.
Et quand le décor se complète de quelques monuments du patrimoine, la randonnée se valorise d’une once de culture. Elle a commencé avec le tour du village de notre base de départ : La garde Adhémar.
Il est beau ce village perché sur la vallée du Rhône avec son église du XIIème siècle, sa chapelle des pénitents blancs et ses vieilles maisons accolées le long de ruelles bien serrées. Sens pratique des temps ancien alors que n’existait pas la climatisation pour tempérer les ardeurs d’un soleil parfois brûlant dans la Drôme. Des ruelles bien serrées au point d’y limiter la circulation d’un autre temps, le nôtre, avec pour conséquence de le faire déserter par la civilisation de l’automobile, excepté pour quelques invasions touristiques fugaces. Mais il a encore son école avec des élèves ce beau village, et donc encore de la vie et de l’avenir.
Entrés par la porte est, nous quittons son enceinte par la porte nord et engageons notre périple sur cette colline de la Drôme. Colline qu’on aura la surprise de lui voir refluer l’eau tombée en abondance la semaine d’avant. Des ruisselets dévalaient en effets les pentes abruptes et animaient le silence habituel du murmure de leur eau. Plus tard, quand l’eau se sera évaporée, ce seront les cigales qui prendront le relai et éveilleront la campagne. Le chemin des Rochettes est l’entrée en matière de cette randonnée. La configuration de ce PR permet d’échauffer les muscles en douceur. Il est ombragé, presque plat et agréable au pas. Quelques trouées dans les lisières ouvrent sur des pans de campagne, parfois des champs de lavande dont on ne peut en cette saison qu’imaginer les senteurs et le mauve qui surgiront vite avec l’été.
Parvenu au lieu-dit les Rouvières nous quittons le plateau par un sentier étroit dans le sous-bois touffu. Nous voilà parvenus en fond de vallée, direction plein est vers notre premier point d’intérêt, celui qui a donné son nom à cette randonnée inscrite au programme du club : les ocres de La Garde Adhémar. Force est alors de reconnaître que ce site est loin de rivaliser avec ceux plus célèbres du Vaucluse. L’échancrure est modeste dans la colline, mais en cherchant bien, en partant à l’assaut de talus escarpés, on a pu faire quelques prises de vue qui feront illusion. Mais avouons-le, il n’y a pas de quoi traverser la planète pour ce spectacle. Mais soit, sac au dos par une belle journée de printemps, c’est un plus qui agrémente une sortie au grand air.
On reprend de l’altitude au sortir de ce modeste cirque coloré par un sentier que l’eau a colonisé, donnant de la fraîcheur à ce printemps précoce. Nous voilà revenus sur le plateau retrouvant un des nombreux PR qui sillonnent cette proéminence, ce qu’en terme géographique on appelle une croupe. Le lieu-dit se nomme Chabrelet. La piste est large et marchante. Son argile a retenu ça et là l’eau des dernières pluies en de petites mares qu’il nous faut contourner. Le pas s’allonge d’autant plus qu’on approche d’un moment important de la journée, celui de tirer de notre sac à dos l’énergie dépensée à le porter.
Parvenus aux Borias, un aimable propriétaire de gîte nous prête les abords de son terrain de boules pour y faire la pause attendue. Contre la promesse de ne laisser aucune trace de notre passage cela va sans dire. Précaution bien inutile avec les amoureux de la nature que sont les membres du club, habitués qu’ils sont à laisser place nette partout où ils s’arrêtent. Mais pouvait-il le savoir. On le remercie en tout cas de son hospitalité.
Le sentier est en légère pente après le repas. C’est bien. Il est ombragé, c’est mieux, même si la température n’a rien d’excessif en cette journée idéale pour notre activité nature préférée. Il nous mène vers notre point d’intérêt suivant : le Val de Nymphes, « ilot de fraîcheur imprégné de mystères, qui n’a jamais cessé de fasciner » nous dit la notice historique municipale. Lieu bucolique chargé d’histoire très ancienne puisque la source permanente qui jaillit du rocher lui a valu d’attirer la convoitise des hommes dès le néolithique. Lieu de culte païen, puis chrétien, le site ne comportait pas moins de quatre églises. Il n’en reste qu’une. Et la chapelle primitive datée d’avant le VIIème siècle est encore debout près de la source qui est toujours aussi vive. Il est vrai que ce site vaut le détour. Nous l’avons donc fait.
Une seule des 4 Eglises est encore debout, mise hors d'eau par la pose d'une toiture,sauvée de la destruction, restaurée, avec plus ou moins de bonheur dirons certains...
Une boucle au sud du village nous fera découvrir d’autres traces d’occupation et d’activité humaines anciennes avec ces cuves lapidaires ou fouloirs rupestres rencontrés sur les bas-côtés de notre itinéraire. Découverte qui a donné lieu à un concours d’interprétation avant de convenir qu’on ne pouvait fouler ni blé ni cochon mais bien que du raisin, avec des modes de fonctionnement qui restent encore à préciser eu égard à la configuration du site. Mais soit, il est toujours valorisant de s’intéresser à l’activité de nos grands ancêtres avant que la fée électricité ne la soulage des pénibles tâches de la vie agricole.
Les pierres à sacrifice que la carte IGN nous promettait plus loin sur notre parcours ont elles-mêmes été sacrifiées. Disparues. A moins que les broussailles si denses n’aient eu raison de notre détermination à les trouver lors de notre reconnaissance. Raison de plus pour ne pas y engager le groupe, au risque de se faire agonir de noms d’oiseaux. Poursuivons notre chemin.
Par la Montagne Collet nous atteignons le point le plus au sud de notre boucle, avant de remonter à la fois vers le nord et vers les hauteurs de la colline de La garde Adhémar, après 16,5 km et 336 m de dénivelé d’une journée comme on les aime à cheminer sur les sentiers.
Retour à notre point de départ. La glacière est en version frais. Exit chocolat et verveine, voici de retour avec le printemps les boissons fraîches que Benoît se fait un devoir de préparer et d’emporter. On l’en remercie encore.
Ah oui ! ultime précision, nous étions 16 et la météo était comme on l’affectionne, douce avec ses 20 degrés, sans pluie ni vent. A très bientôt donc sur d’autres sentiers avant que les chaleurs nous contraignent à limiter nos ardeurs.
Histoire des édifices religieux de la Garde Adhémar