..........................Alleins-Vernègues ( 13 )

8 juin 2025 7 08 /06 /juin /2025 13:51

..........................Alleins-Vernègues ( 13 )

Cette rando du dimanche 8 juin n’était pas dans les archives. C’est donc en terre vierge de souvenirs des mémoires du club que nous nous sommes acheminés vers le sud de la Durance, dans les Bouches-du-Rhône, à Alleins (prononcez le S, à la provençale). Histoire de voir et de varier les plaisirs.
On a vu et le plaisir a été au rendez-vous. Objectif atteint donc. D’autant qu’il nous a fallu remercier le Ciel. Il a été clément avec nous. En pareille circonstance, le ciel prend la majuscule. On s’adresse là au Très-Haut, toutes superstitions confondues. La température n’a fait qu’effleurer les trente degrés et une brise du nord est venu tempérer ses ardeurs.
Direction sud au départ d’Alleins, en gardant comme barrière en fond de tableau la ligne de TGV qui file vers Marseille. Par les Camp Caïn, les Collines-derrière-Saint-Pierre, les Campanes, autant de noms de mouvements de terrain qui nous font franchir les ondulations des modestes mamelons couvert de garrigues, nous profitons de la fraîcheur relative de cette matinée pour atteindre notre objectif le plus au sud de ce parcours : le temple de Diane.

Il constitue avec la Chapelle Saint-Césaire qui lui est adossée et Château Bas les traces de l’histoire des hommes dans le paysage. Histoire gallo-romaine, moyenâgeuse ou plus récente avec Château Bas dont l’amateur fera connaissance de ses origines grâce au lien suivant Avant peut-être d’y goûter son vin réputé, toujours avec modération comme il se doit de préciser lorsqu'on fait allusion à la consommation de boissons alcoolisées. Le parc du château recèle, nous dit-on, d’autres vestiges gallo-romains que l’on peut découvrir à condition d’être client ou bien lors des journées du patrimoine.

Le Château - Château Bas

C'est en 1442 qu'un riche habitant d'Avignon, Guillaume de Damian, rachète la seigneurie du Vernègues. Il n'obtient son titre de noblesse qu'en 1460, donné par Charles d'Orléans, comte d'Asti, ...

https://www.chateaubas.com/le-chateau/

Un lieu intéressant à découvrir est aussi, avant de parvenir à Château Bas, le pavillon de Victoire. Cette demeure privée est nichée au fond d’un parc, au bout d’une allée de cyprès sculptés plus que taillés. Elle s’annonce sur quelques écriteaux comme un havre de protection de la biodiversité. Des animaux en pâture semblent confirmer le fait. Notre observation curieuse, voire admirative, ne dérange pas leur quiétude.

Buvez, buvez, buvez encore, de l’eau bien sûr, le mot d’ordre s’impose au cours de ses randonnées pré-estivales mais déjà bien chaudes. Nous ne nous sommes donc pas glissés parmi les clients des chais réputés de Château Bas, c’est donc l’esprit clair mais satisfait d’avoir fait une intéressante découverte de ces monuments de notre patrimoine que nous remontons vers le nord, bien décidés à nous engager vers les hauteurs du vieux village de Vernègues. Une farouche détermination se lit sur les visages des marcheurs. Nous effleurons le nouveau Vernègues et rejoignons le GR6 que l’on empruntera sur une petite portion de son long parcours pour faire l’ascension – ce qui est un bien grand mot pour cette modeste côte – de la colline de Vernègues.

Mais voilà déjà effectuée la moitié du parcours de notre périple de ce jour de pentecôte. Une chênaie à l’abri du vent, qui se fait sentir plus ardent en arrivant en crête, nous offre un site idéal pour la pause repas. Le plus gros des quelques 400 m de dénivelée est accompli. Il n’est jamais bon de déjeuner au pied de la montagne. La perspective d’un avenir d’effort perturbe la digestion.
Les habituels pourvoyeurs de bonnes choses font la tournée des convives pour dispenser leur générosité. Qu’ils en soient remerciés. Ils prennent soin de leurs accompagnateurs. Je ne peux que les encourager. Un égoïste étant quelqu’un qui ne pense pas à moi a dit Woody Allen, je n’ai manqué ni de café, ni de chocolat. S’il fallait des preuves d’amitié, elles sont là. Le bonheur est sur les sentiers de randonnée.

L’arrivée en crête de la colline de Vernègues nous fait sentir la force du vent. Au point de nous priver quelque peu du plaisir du panorama qui se livre à nous une fois parvenu à cet endroit. La carte IGN le mentionne à juste titre comme point de vue remarquable. Mais les vues sur la vallée de la Durance sont quelque peu troublées par la poussière que le Mistral soulève en une forme de brume. On ne peut pas tout avoir : une température propice à la randonnée et le spectacle d’un paysage provençal limpide et profond.

Parvenus à l’ancien moulin transformé en table d’orientation, la frustration se confirme. Le vent arrache nos couvre-chefs. Au point que la hâte de gagner des positions plus abritées s’exprime par l’impatience muette mais visible dans les attitudes à vouloir quitter la position. Dès que nous gagnons l’ancien village de Vernègues, dont il ne reste que ruines, les dos se redressent, soulagés qu’ils sont de ne plus avoir à lutter contre les bourrasques.

Il faut dire ici un mot de ce spectacle de chaos de pierres que le lierre dissimule à nos regards. Vernègues a subi le tremblement de terre du 11 juin 1909, de triste mémoire des provençaux. Si Lambesc, Rognes, Mallemort, Pelissanne en ont souffert, le vieux Vernègues a été purement et simplement rayé de la carte. Son énorme château, certes plus solide, en a pâti comme le reste, tout autant que l'église Saint-Jacques et son prieuré accolé, situés en contrebas du plateau de Puech, en face du cimetière.

L’heure est au retour. Le sentier qui nous ramène vers Alleins serpente le plus souvent en fond de vallon, voir à mi-pente. Il est agréablement ombragé, excepté quelques raidillons forcément plus caillouteux il reste accommodant à la semelle et conjugué avec la perspective du final il engage à accélérer l’allure. Ce dont il faut se garder lorsque d’aucuns montrent quelques signes de fatigue. La cohésion est de rigueur dans notre éthique de groupe. On ralentit donc le rythme à l’abord du village d’Alleins que nous avions évité au départ.

Le dernier effort pour gagner les hauteurs de l’ancien château n’est que formalité. Il nous reste désormais plus que la grande ligne droite qui se déroule au pied du magnifique beffroi d’Alleins couronné de son campanile pour retrouver nos véhicules et se rafraîchir d’une glacière qui, à la contradiction des sorties hivernales, porte bien son nom.

Dernière sortie de la saison pour beaucoup, à moins que les plus hardis ne se confrontent au Mont Ventoux dimanche prochain. En Altitude si les courbes de niveau sont plus resserrées, la température est plus clémente. Avis aux amateurs. Bonne trêve estivale pour les autres, on compte sur eux pour la prochaine saison.
Quelques chiffres pour clore le débat, qu’il n’y a pas puisqu’ils, les dits chiffres, sont incontestables comme d’habitude : 14 participants - 17,5 km – 380 m de dénivelée – 29°C à l’abri – rafales de Mistral à 70 km/h à la table d’orientation de la colline de Vernègues.