Il y a sur la montagne dominant Saint-Geniès-de-Comolas deux points d’intérêt que peu d’entre nous, marcheurs de ce dimanche 2 février, avions eu l’occasion de fréquenter. Ce sont le rocher de la vierge de Saint-Geniès et la grotte dite, en toute modestie provençale, de Gargantua.
Monter une randonnée digne de ce nom pour nos 15 marcheurs de ce jour, à savoir longue d’environ 15 à 20 km avec un peu d’agrément altimétrique, était le défi du jour. Sachant que la montagne de Saint-Geniès porte ce qualificatif que parce nous sommes dans le midi et que l’éloignement des Alpes éloigne aussi de la comparaison. Bien que le Ventoux veille au loin.
Le point de départ a ainsi été placé à Lirac. Ce village ,à la réputation vinicole connue des amateurs, nous donne l’élongation suffisante pour promettre aux marcheurs une boucle de 17,5 km avec une dénivelée de 370 m. Des chiffres raisonnables pour une sortie d’aération dominicale de notre club.
Le paysage de départ confirme la vocation du terroir et c’est sur des sentiers entre cépages à dominante de grenache noir, de mourvèdre et syrah que débute notre périple. Une première étape au village voisin de Saint-Laurent-des-Arbres nous fera rejoindre le GR 42. Connu sous le nom de "Balcons du Rhône", ce sentier de grande randonnée s'étend sur 450 km, entre Saint-Étienne et le Grau-du-Roi.
Parvenus aux pieds du château de Saint-Laurent-des-Arbres, on y apprend que ce dernier est un vrai vieux château. Entendons par là qu’il n’est pas une copie d’ancien mais date véritablement du début du XIVème siècle, construit sur des bases plus anciennes sur ordre du 2ème pape d’Avignon, Jean XXII. Ce dernier a laissé son nom de baptême à la tour maîtresse puisqu’elle reste connue sous le nom de tour Jacques Duèze. Le contexte historique imposant de s’abriter derrière d’épaisses murailles pour y cultiver sa foi, le complexe fortifié englobe l’église. Les guerres de religion un siècle plus tard en confirmeront la nécessité.
Nul n’envie le sort de Saint-Laurent, il est mort en martyr sur le grill au 3ème siècle de notre ère. Quant aux arbres qui complètent le nom du village, ils ont existé en des temps beaucoup plus lointains et étaient quant à eux un site de regroupement pour quelques célébrations païennes celles-ci, voire même animistes.
Nous emboitons donc le pas sur le GR 42 pour aller traverser la route nationale 580 laquelle nous sépare de notre destination, cette Montagne de Saint-Geniès, modeste ligne de crête culminant à 171m, en forme de flèche dont la pointe viendrait percer le méandre du Rhône à hauteur de Roquemaure. Nous ne prendrons aucun risque à traverser cette route nationale puisqu’un passage souterrain sous le hameau dit des Jésuites nous permet de gagner l’autre côté de cette voie à la circulation souvent chargée, peut-être moins en ce dimanche mais quand même. Nous voilà à pied d’œuvre pour gravir les premières courbes de niveau en abordant la colline Saint-Sixte.
Elles nous mettent en condition pour gravir la montagne de Saint-Geniès par un lacis de pistes dans la garrigue. Les multiples embranchements obligent à la vigilance quant à la cohésion de la colonne. Chacun doit s’assurer de son suivant. Un raidillon nous impose un premier effort. Il emprunte un parcours qui affole les boussoles parce que cheminant sous une ligne à haute tension. Il nous permet de parvenir en crête et accéder au point culminant de notre parcours.
Qui dit point culminant dit redescente. Basculant sur le versant nord de la montagne nous ressentons les effets d’une brise qui rafraîchit les corps. La température reste modeste, ne sommes-nous pas en hiver. Un sentier caillouteux en sous-bois nous fait descendre vers Saint-Geniès et son promontoire sur lequel a été installé une grande statue de la vierge. Le point de vue sur le village de Saint-Geniès est un peu fermé par la végétation qui a repris ses droits. Des vues plus lointaines nous laissent entrevoir le site moins mystique de Marcoule.
L’heure est venue d’aborder le point d’orgue de cette randonnée : la montée vers la grotte par la face nord. Cette épine dorsale calcaire présente des abrupts plus francs que sa face sud. Un sentier en sous-bois nous conduit vers ce raidillon lequel monte tout droit à la grotte. Parvenus à la béance de cette dernière devenue site d’escalade, nous découvrons une anfractuosité dont nous nous garderons bien d’explorer les profondeurs tant les goulets d’accès y sont étroits. Cet abri pour la pluie ne l’est pas contre le vent. Il y fait frais pour notre pause casse-croûte. Nous ne la ferons pas durer.
Il nous faut regagner la crête quelques mètres plus haut pour respecter le tracé de notre boucle. Un court passage rocheux nous donne l’illusion de l’escalade et nous voilà à nouveau en crête pour partir vers l’est et trouver la sente rocailleuse qui nous permettra de rejoindre le GR 42. Il s’étire au pied de ce mouvement de terrain qu’on a toujours quelque scrupule à appeler montagne.
Retrouvant le GR et sa piste carrossable nous obliquons vers le sud-ouest en direction de notre point de départ. Parvenus au Devès, pas de passage souterrain cette fois pour franchir la route nationale, la prudence est de mise. L’obstacle franchi, nous retrouvons les vignobles dont les ceps puisent la note minérale de leurs cépages dans les galets du Rhône qui couvrent ces vallonnements. Et nous voilà déjà abordant Lirac après 5 heures 30 de marche pause comprise.
Au club de randonnée des Angles c’est un peu comme dans le village d’Astérix, ça se termine toujours par un « banquet ». Plus modeste avouons-le, mais la convivialité reste de mise. Chocolat chaud, verveine et les gâteaux que l’un(e) ou l’autre a eu la gentillesse de préparer. Ce sont Evelyne, pour la pause méridienne, et Nathalie cette fois-ci qui ont agrémenté notre périple en réjouissant nos papilles. On les en remercie. Nathalie nous ayant abandonné son gâteau alors qu’elle fut rappelée par une obligation. On lui promet qu’honneur a été fait à son talent de pâtissière.
Bon animateur ne saurait dire la vérité, les 17,5 km se sont transformés en 19. La dénivelée n’a point trop subi d’inflation, la montagne était modeste.
Merci aux participants pour leur bonne compagnie sur ce parcours de santé et à bientôt sur d’autres sentiers.
La sortie de dimanche prochain dans le Vaucluse sera pleine
de beaux sites à découvrir. C’est promis.