...............................Euzet-Baume des Camisards

Un jour de randonnée, une semaine de santé. On pourrait y ajouter une rencontre assurée. La rencontre étant une fenêtre ouverte sur la connaissance de l’autre : celui ou celle qui marche à côté de soi, celui ou celle que l’on va croiser et avec qui on échangera quelques mots.
L’exercice peut s’élargir encore à la rencontre de nos anciens grâce aux traces qu’ils ont laissées dans le paysage. Telle la baume des Camisards. Elle a donné son nom à cette randonnée du 8 décembre et nous ouvre une fenêtre sur un temps où la liberté de culte, voire même plus simplement de croyance, était sauvagement réprimée du seul fait que certains s’instituaient détenteurs de la vraie foi. Ben voyons !
 

Guerre des Camisards, guerre des enfants de dieu

L'Edit de Nantes, promulgué en 1598 par Henry IV autorisa la pratique de la religion réformée (protestante). Mais dès 1660, un certain nombre de mesures étaient prises pour convertir les Céve...

http://www.cevennes.com/camisard.htm

4°C au thermomètre sur le parking du Forum des Angles en ce 8 décembre 2024. 4 voitures. 16 randonneurs. On l’aura compris cette randonnée était placée sous le signe du chiffre 4 et ses multiples. Rien d’étonnant, au club de randonnées des Angles on se met en quatre pour faire des sorties profitables et conviviales. Conviviale ai-je dit ? si vous n’en voulez qu’un exemple, je vous dévoilerai qu’il y avait un gâteau dans le sac à dos de Christophe. Une fois de plus. Mais en entorse au multiple de quatre ce n’était pas un quatre-quarts. Il faut savoir rompre avec la loi des séries. Comme quoi exercice physique, exercice de l’esprit peuvent se conjuguer avec gourmandise. On ne dira quand même pas exercice de gourmandise, c’est quand même un des sept péchés capitaux. Mais soit, non seulement il sait faire les gâteaux le bougre mais il en fait profiter ses compagnons de marche.

Direction Bézut. C’est à 14 km à l’ouest d’Uzès. Quelques vieux bâtiments serrés de part et d’autre d’une rue pas plus large qu’une voiture. Faute de parking, la propriétaire du gîte de Bézut nous prête le sien où nous pourrons garer nos quatre véhicules. On l’en remercie encore pour cette disponibilité et sa gentillesse. Gageons que ce gite soit aussi agréable que cet accueil.

C’est donc chaudement habillés que les 16 randonneurs de ce dimanche me font confiance pour les ramener à bon port et s’engagent derrière moi vers l’est par une petite route qui devient rapidement piste en direction du pont de Tardre, lequel enjambe le ruisseau de Bourdiguet. Pont que nous ne franchirons pas pour obliquer vers le nord vers un sentier mono trace qui monte tranquillement en sous-bois longeant une vallée encaissée. Son cours d’eau habituellement à sec nous confirme que les collines environnantes se sont gorgées d’eau avec les pluies d’automne. Tant mieux. Il y a certes quelques cailloux, voire beaucoup de cailloux par endroit, mais ne sommes-nous pas dans le Gard. Cet itinéraire balisé PR est retiré et pittoresque. 

Retiré au point de laisser quelques originaux y planter des constructions qui ont des allures de yourte bricolée à la gardoise pour l’une, de maison du chaos pour l’autre. Mais soit, elles font l’attraction. Des personnes au travail nous confirment que l’université - c’est son nom -  est encore en évolution. Une énorme parabole plantée au milieu d’une mare nous témoigne que le propriétaire a obtenu le permis de construire de la part d’autorités cosmiques. On n’ose en effet imaginer une préfecture digne de ce nom autoriser pareil amoncellement hétéroclite en pleine nature à laquelle il fait injure.

Dépassant ces étranges édifices inspirés par on ne sait quelle élucubration artistique (jugement de valeur vous l’aurez noté au passage) nous parvenons sur la crête dite de la verrerie. La piste est carrossable, le mercure du thermomètre a gagné quelques degrés, le vent promis par nos météorologues s’est essoufflé, on ne s’en plaint pas. D’autant que çà et là quelques timides rayons de soleil nous engagent à alléger la tenue. Mais seulement pour les moins frileux. Il est temps de quitter cette bonne piste pour descendre par une autre qui va bientôt perdre ce statut car plus fréquentée que par nous, donc chaotique, vers le thalweg du ruisseau du troubadour. Le nom est joli, le site l’est aussi. Nous le laissons à regret en contournant le hameau de Vacquières pour aller chercher un très beau sentier qui redescend plein sud en direction de l’ancienne voie ferrée.

Cette ligne a été ouverte au 19ème siècle pour acheminer le charbon des mines d’Alès et alentour vers le port de Beaucaire. Le tracé de cette voie que nous suivrons sur quelques centaines de mètres nous donne à contempler ses vestiges, les nombreux ouvrages en pierres taillées, ponts et viaducs, qui en jalonnent le parcours. Histoire industrielle celle-là, mais histoire des hommes quand même. Page de l’histoire qui s’est refermée en même temps que les mines du Gard. De la voie il ne reste que les fondations. Elles servent par portions à aménager des voies dites vertes quant à elles, parce qu’ouvertes aux seuls cyclistes et marcheurs. De la civilisation industrielle à la civilisation de loisirs. Autre temps, autres mœurs. En arrivant, nous dominons le viaduc, et c'est l'heure de la pause pique nique bienvenue. Tout le monde s'installe, se restaure et profite de ce moment convivial.

Ligne du Martinet à Beaucaire - Wikipédia

Ligne du Martinet à Beaucaire Pays France Villes desservies Uzès Historique Mise en service 1880 - 1883 Concessionnaires PLM ( 1875 - 1937) SNCF ( 1938 - 1997) RFF ( 1997 - 2014) SNCF (depuis 2015)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_du_Martinet_%C3%A0_Beaucaire

Ancienne voie ferrée de Beaucaire au Martinet 14 - de la gare d'Euzet-les-Bains à la gare de Saint-Just-et-Vacquières à VTT

Partie 14 gare d'Euzet à gare de Saint-Just-et-Vacquières de l'ancienne ligne PLM de Beaucaire au Martinet. A VTT

http://passes-montagnes.fr/htlm1/VF_beaucaire_le-martinet-14.html

Le groupe va bon train sur cette voie (encore une qui était facile, je vous le concède). Voie qu’il est temps de quitter pour nous enfoncer dans la garrigue et chercher cette cache des Camisards que les dragons de Louis XIV ont découverte bien avant nous. C’était en 1704. Là s’est écrite une nouvelle page funeste de l’histoire des protestants en Cévennes. Je renvoie ceux que cette histoire intéresse aux nombreux documents que l’on trouve en ligne et dont je confie quelques liens au tenancier de notre blog. Le plus documenté sur le sujet est le lien vers le musée protestant. Jean Cavalier, le héros des Camisards, y a logiquement une place de choix. Même si le site de la baume n’est pas très spectaculaire, il est balisé d’une plaque commémorative. Lorsqu’on a quelque reconnaissance envers ceux de nos anciens qui ont lutté pour la liberté qui est la nôtre aujourd’hui, on leur doit bien une pensée.

Camisards : les guérilleros de la foi

Entre 1702 et 1704, des Protestants des Cévennes, paysans et artisans animés d'un mysticisme prophétique et apocalyptique, menèrent une guérilla sans merci contre l'armée du Roi-Soleil, pour ...

https://www.youtube.com/watch?v=LTpIXt7Q3ZY

Début de la guerre des Camisards

Le 24 juillet 1702, dans un bourg cévenol, sur le bord du Tarn, le Pont-de-Monvert, une soixantaine de " religionnaires " (protestants) délivrent des prisonniers et tuent leur geôlier, un prêtr...

https://francearchives.gouv.fr/pages_histoire/38845

La fin de la guerre des Camisards

Les chefs camisards se rendent les uns après les autres et négocient avec le maréchal de Villars en ordre dispersé. Des tentatives pour relancer l'insurrection ont lieu jusqu'en 1710, mais elle...

https://museeprotestant.org/notice/la-fin-de-la-guerre-des-camisards/

En quittant ce lieu on remonte encore plus loin dans l’histoire. Et tout aussi logiquement les traces sont encore plus discrètes. A quelques 300 mètres de la baume des Camisards sur le chemin d’un lieu dit le camp romain, l’observateur averti (c’est vrai qu’il faut l’être) identifiera au sol ce que le marcheur non averti appellera un trou et qui s’avérait être un silo. Dans ces trous - il y en a plusieurs sur ce site - les gallo-romains qui ont occupé la position gardaient à l’abri des convoitises animales autant qu’humaines leur bien le plus précieux : leur récolte de grains et autres moyens de subsistance. Leur survie en un seul mot. De ce camp romain il ne reste aux yeux du marcheur de passage que ces maigres traces dans le sol. 

EUZET LES BAINS - Les Silos Romains

https://www.geocaching.com/geocache/GC23A83

A partir de cette crête une grande piste carrossable nous ramène à notre point de départ. Et comme à chaque fois, parvenus à nos véhicules il est une formalité dont on ne se priverait pour rien au monde. Elle nous autorise avant de rentrer en nos pénates un ultime moment de convivialité. On ne remerciera jamais assez celui qui en est l’instigateur. La glacière qui en cette saison garde au chaud tisane et chocolat est toujours au rendez-vous.

Merci Benoît.

Outre Christophe et son gâteau, il y en a d’autres qui apportent leur contribution à la convivialité en faisant le tour des participants avec quelques friandises la plupart du temps. Rien que le fait d’imaginer qu’ils ou elles mettent dans leur sac des douceurs à destination des autres est une attention qui mérite d’être saluée.
Il est temps de conclure, sauf à me faire taxer de harcèlement textuel.

Mais pas de conclusion sans quelques chiffres, les vrais, les seuls, ceux de l’animateur : 18,5 km et 350 m de dénivelé par une météo clémente malgré tout, indépendante des pouvoirs de l’animateur même s’il se vante qu’il ne vente pas.

Merci à tous de votre confiance et de votre bonne compagnie au grand air frais. Brrrrrrr !

Bruno

Relive Euzet - grotte des camisards

https://www.relive.cc/view/v8qk4eKZ7Kv?r=oembed

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Beau C.R. original ; j'ai pu revoir des lieux découverts il y a qq années , notamment la " Cité Utopique "