Méjannes-le-Clap, point départ de notre sortie de ce jour 28 janvier 2024. On se demande s’il n’y aurait pas quelque accointance cinématographique derrière ce toponyme qui clappe. Le nom est toutefois plus surement antérieur à l’apparition du 7ème art. Aussi, en fouillant le web et quelques clics de souris plus loin on trouve des éclaircissements sur l’origine de ce nom auquel faute de mieux on prêtera foi. Ils s’expriment ainsi : en occitan méjan signifie « au milieu de, mitoyen ». La forme féminine méjannas peut se traduire par « terres en indivision possédées par plusieurs propriétaires. » Nom de terre auquel on adjoint « clap » qui depuis son origine étymologique « clapas » s’est vu décliné en sol pierreux, ou encore amoncellement de pierres sèches. Voici donc pour couper court à quelques supputations hasardeuses à vouloir imaginer un hypothétique monument du 7ème art tourné sur ces plateaux pierreux. Le Gard reste alors fidèle à lui-même : des cailloux, encore des cailloux sous la semelle du randonneur et nulle superproduction séquencée par claps de début et de fin. Restons terre à terre, c’est plutôt judicieux pour des randonneurs.
Abordons donc, par un itinéraire certes un peu brouillon au dire de certains, Méjannes-le-Clap, cet endroit qu’on a du mal à appeler village, au sens qu’on aime lui donner communément avec son église, ses bistrots, sa place de la mairie. Nous trouvons en revanche sans peine un parking pour y laisser nos véhicules le temps d’une journée. Car des parkings il n’en manque pas autour de ces bâtiments à n’en pas douter sortis des cogitations d’un urbaniste peu inspiré. On a l’impression que le village a été étalé en surface, comme la pâte sous le rouleau du pâtissier. Le Conseil Départemental du Gard en a fait un centre de séjour de vacances et de sport. Le décor manque d’âme, mais peut-être pas de chaleur en été.
Et puisqu’il est question de pâtisserie, avant que le premier pas rythmé par le clic-clic de nos bâtons nous emmène sur routes et chemins, on va d’entrée de jeu faire saliver celles et ceux qui ont craint d’aborder les rives de la Cèze. Evoquer ainsi qu’un des temps forts de notre sortie sera tiré des sacs à dos de Michèle et de Christophe. Génoise pour la première, Focacca della befana pour le second, en forme de dessert au moment du café. Tout ceci sous un rayon de soleil certes timide mais bien présent quand même sur la plage des Baux au bord de la Cèze. La randonnée, c’est aussi et surtout cela. Des moments de convivialité que certains ont le souci d’entretenir en partageant leur compétence aux fourneaux. On ne saurait que trop les en remercier, encore et toujours.
Mais revenons au départ. Après tout il s’agit de marcher. On n’est pas là pour rêver de la pause de midi. Enfin pas au début quand même. A la sortie de ce village aéré qu’est Méjannes-le-Clap on gagne rapidement ces chemins et sentiers que nous préférons, pour descendre en sous-bois vers le village de Tharaux en bord de Cèze. Il est bien agréable ce PR. Il serpente sur le plateau du « Planas et vieille morte » - c’est son nom – rejoint la colline de Serre des Brus, (serre en occitan = mamelon peu élevé ou colline de forme allongée) pour aller en pente douce vers Tharaux. Le niveau des conversations témoigne d’un rythme raisonnable. Allègement de la tenue, quelques rasades d’eau plus loin, nous abordons déjà Tharaux par un chemin qui nous dévoile une caverne sur notre gauche, son cimetière bucolique sur la droite. Autant que puisse l’être pareil endroit.
Nous voilà déjà au sortir de ce village qu’on ne fait qu’effleurer par le bas et dont on se demande qui peut encore vivre ici tellement il a des allures de bout du monde. Nous en sortons par les hauteurs de la Cèze dont on aperçoit, au gré des éclaircissements de lisière, les méandres au fond de la vallée. Le paysage est tout simplement beau. La température est idéale pour marcher. Certes trop douce pour un mois de janvier. Profitons-en quand même. Notre activité à bas niveau carbone nous soulage des scrupules de l’homme moderne dans sa responsabilité quant à l’état actuel de la planète. Par des sous-bois aux troncs moussus, aux allures de forêt magique quelque peu angoissante, on rejoint enfin les bords de Cèze. Notre première vision est un équipage de chasseurs qui ne rentrera pas bredouille puisqu’il traîne sans ménagement à la longe un sanglier qui pour ce qui le concerne en a fini de ses errements sur cette terre.
A point nommé, en temps et en heure, comme prévu par le planning de marche, nous voici sur la plage des Baux, lieu propice à la pause méridienne. La Cèze est calme. On connaît ses furies, mais ce jour elle nous dégage cette plage pour y accueillir les 13 convives que nous sommes. Il n’y a pas de table, les superstitieux sont soulagés. Assis sur les galets, salades et autre sandwichs engloutis, Michèle et Christophe nous offrent la réjouissante conclusion déjà évoquée.
Continuer sur le bord de Cèze s’avère un temps impossible. Il nous faut gagner quelque hauteur sur la cote 234 dite La Rabège avant de redescendre dans la vallée. L’exercice n’est cependant pas trop épuisant, même pendant la digestion. Cette ascension nous donne en outre l’occasion d’avoir une vue dominante sur l’entrée de la Grotte de la Salamandre. Nom qui n’a rien à voir avec François 1er lequel avait fait de cet animal son emblème. En plus de pouvoir vivre aussi bien sur terre que dans l'eau, on lui donnait au moyen-âge la faculté mythique de résister aux flammes. Mais c’est finalement et simplement le fait de se trouver au fond de cette grotte au temps de son exploration qui valut son nom à cette dernière.
La Cèze retrouvée, nous la longeons sans trop de peine, y compris pour franchir un obstacle rocheux qui dans son chaos a le bon goût d’agencer quelques marches certes irrégulières mais bien pratiques pour son franchissement.
Le temps est venu de remonter sur les hauteurs pour regagner notre point de départ par Serre noir. Ce retour qui nous fait emprunter une portion de route n’est qu’une formalité. Les muscles déjà bien sollicités nous entraînent sans peine sur ces portions de routes et pistes jusqu’à notre point de départ de cette journée de nature. Notre parking présente l’avantage d’être équipé de tables de pique-nique et toilettes qui, au pied de ce qui semble être la seule bâtisse ancienne de ce village, complètent notre confort au moment de prendre le pot de l’amitié. Chocolat chaud ou verveine, merci Benoît et Sandrine.
Confrontation des chiffres, dont je renouvelle que les seuls valables sont de vérité vraie ceux de l’animateur : 18,6 km et 483 m de dénivelée.
Et nous voici donc partis pour une semaine de santé. A bientôt donc sur d’autres sentiers et merci aux vaillants participants. La randonnée c’est tellement mieux en bonne compagnie.
Merci aux participants, à Bruno & Philippe pour la conduite à Michèle et Christophe pour les gâteries, à Bruno pour texte photos et Relave, à Pierre Jean pour les photos et la mise en scène, et enfin à Dame Nature pour le décors..